Entretien : Martin Veyron explore la Grèce antique pour illustrer que ‘La célébrité est un sacrifice du bonheur’ dans sa bande dessinée ‘Erostrate’
Martin Veyron, dans son dernier ouvrage graphique Erostrate, plonge les lecteurs dans une reconstitution audacieuse de la Grèce antique pour explorer la complexe relation entre la célébrité et le bonheur. L’œuvre pose un regard critique sur la quête éternelle de reconnaissance, illustrée à travers le personnage historique d’Érostrate, l’homme qui incendia le temple d’Artémis pour inscrire son nom dans l’histoire. Cette entrevue avec l’auteur offre un aperçu fascinant de sa démarche artistique et des réflexions profondes qui sous-tendent le récit.
La naissance de l’idée : Retourner à la mythologie pour comprendre aujourd’hui
Avec Erostrate, Martin Veyron s’aventure loin des préoccupations contemporaines pour se pencher sur un événement vieux de plus de deux millénaires. L’auteur explique ce choix par un attrait pour les récits puissamment humains de la mythologie grecque, qui selon lui, résonnent encore éloquemment avec les travers contemporains. « J’ai toujours été captivé par la façon dont les mythes grecs confrontent l’homme à ses propres excès et démesures, et c’est ce que je voulais explorer dans cette bande dessinée », révèle Veyron.
Érostrate : Un symbole percutant de la quête de notoriété
L’incident du temple d’Artémis sert de trame de fond principale dans Erostrate. Martin Veyron se penche sur ce personnage énigmatique, qui a choisi de commettre un acte de destruction majeure uniquement pour marquer l’histoire. Cet acte, selon l’auteur, symbolise les extrémités auxquelles certains sont prêts à aller pour atteindre la célébrité, une idée fortement pertinente dans notre ère de médias sociaux. « Dans notre monde où l’image est reine, la résonance d’Érostrate est encore plus forte. C’est cette idée de renoncement à l’éthique pour un moment de gloire que j’explorais », dit-il en réfléchissant sur la pertinence de ce mythe aujourd’hui.
Un processus créatif traditionaliste pour une histoire antique
Abandonnant les outils numériques modernes, Veyron a choisi de dessiner cette œuvre entièrement à la plume et à l’encre de Chine, une méthode qui renforce le lien avec le passé historique et narrative qu’il évoque. « Il y a quelque chose de très authentique et méditatif dans le fait de dessiner comme le faisaient les artistes avant moi. Cela me permet de me connecter plus profondément avec le sujet », explique-t-il. Cette approche artisanale fait écho au contenu de la bande dessinée et enrichit l’expérience pour le lecteur par son esthétique délibérément rétro.
Un message universel : La renommée versus le bonheur
En conclusion, Martin Veyron souligne que, malgré la distance historique, les leçons d’Érostrate sont immédiatement applicables. « Ce que nous voyons aujourd’hui avec la célébrité instantanée, souvent non méritée, c’est le même désir destructeur d’immortalité. Mais, à quel prix? », interroge l’auteur. Il espère que son œuvre poussera les lecteurs à réfléchir sur ce que signifie vraiment le succès et le contentement dans leur propre vie. Erostrate s’avère donc être une introspection sur les véritables coûts de la célébrité, ardemment illustrée à travers le prisme de la mythologie grecque.
« Erostrate ». Martin Veyron. Éditions Dargaud. 30 euros.
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